cours 1 du 2/02

1ère Partie : Les conceptions antique de l’éducation
Introduction : l’éducation comme idéal de perfection.
Quand on veut réfléchir sur les problèmes posés par l’éducation, un détour par les grecs s’avère nécessaire.
Les grecs sont les premiers qui ont étroitement associé l’humanité et l’éducation. Ce qui rend les grecs si actuel, c’est qu’en dépit de tout ce qui peut nous séparer d’eux, ils ont su développer un idéal éducatif dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. Cet idéal de formation de l’Homme accompli, cet idéal de perfection est à l’origine de l’humanisme, au sens ou l’on considère l’humanité comme une valeur.
En ce sens, les grecs ont compris les premiers qu’il ne peut pas y avoir d’humanité sans la médiation de l’éducation, être Homme c’est être éduqué.
Pour désigner l’éducation, les grecs utilisaient le terme de « Paideia », ce terme est forgé à partir du radical « pais » qui renvoit à l’enfant. La signification première de « paideia » est la puériculture.
Les poètes (fondateurs des grands récits) dont Homère est le plus digne représentant (l’éducateur de la Grèce) les philosophes et les Sophistes considèrent que la « paideia » est la condition que l’éducation réalise l’humanité dans l’individu.
Werner Jaeger traduit la paideia par la civilisation, la culture, la tradition ou encore la littérature. Cette conception de l’éducation comme idéal de perfection est le fruit d’une lente et progressive évolution. « Les premiers, les grecs comprirent qu’éducation signifie modelage du caractère humain selon un idéal déterminé ». Eduquer, c’est former l’individu, ou bien informer, c’est donner une forme à ce qui n’en a pas, modeler en fonction de fins particulières perçues comme idéales. Il n’y a pas d’éducation sans modèle.
Les grecs distinguent deux conceptions de l’éducation :
- Le processus de formation de l’individu
- Le résultat de ce processus (résultat de l’éducation)
Le processus est une discipline progressive qui transforme l’individu au physique comme au moral, l’éducation est donc un processus total. Le contenu de cet idéal se modifie avec le temps vers une vision plus universelle.
La culture grecque parce qu’elle a défendue la liberté individuelle, nous parait si actuelle. L’individu éduqué ou civilisé s’oppose aux barbares.
L’Homme idéal n’est jamais réalisé, mais l’éducation permet de tendre vers cet idéal.
 Les idées d’éducation et d’excellence deviennent étroitement associées.
 La paideia se caractérise par une prétention à l’universalité.


I. Les deux grands modèles de l’éducation classique.
1) Le modèle héroïque.
Dans l’éducation héroïque, il y a deux subdivisions :
- L’éducation Homérique : c’est une éducation princière de toute l’Antiquité basée sur l’Iliade et l’Odyssée. C’est une éducation chevaleresque, une conjugaison harmonieuse des différents domaines d’éducation (moral, physique, intellectuel). L’éducation est vertueuse, excellente.
- L’éducation Spartiate : (Sparte est une cité grecque) Cette éducation développe le modèle du héro, mais qui est au service de la cité Etat, c’est un citoyen. Le citoyen idéal est avant tout un soldat, car nous sommes dans un contexte de guerre à cette époque. L’idéal pour un jeune est de mourir pour la patrie. L’idéal éducatif s’est sensiblement modifié depuis Homère. On cherche la fidélité à la cause politique. On forme des cités entières de héros, c’est une sorte de démocratisation de l’éducation. L’individualisme s’efface devant le civisme.


2) L’éducation sophistique (Vème siècle avant JC)
Avec les sophistes, la question de l’éducation est posée pour la première fois. Ce sont des savants, qui se prétendent être des éducateurs. Le fondement de l’éducation repose sur le savoir.
Gorgias : c’est un spécialiste de la rhétorique, de la formation de l’esprit.
Hippias : il enseigne différents savoirs faire, c’est un polytechnicien, un encyclopédiste.
Prodicas : il enseigne la morale.
Critas : il enseigne la politique.
Protagoras : il reconnait être un éducateur d’Homme. Sa spécialité c’est l’éducation civique et morale, ainsi que la politique.
Les grecs inventent la politique (art de gouverner les Hommes et la société) associée à l’apparition de la parole publique (les décisions politiques sont prises à partir de discours tenus publiquement). Les grecs ont inventés la res publica, c'est-à-dire la chose publique, la République. Cette existence de la parole publique existe sous la démocratie, il y a une liberté totale de la parole.
Le problème que les sophistes posent en tant qu’éducation est celui de la formation politique (compétence rhétorique).