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Message  thierry Ven 15 Mai - 19:46

5 L’enfant à l’époque moderne

5.1 Des sources plus nombreuses et diversifiées

À partir du XVIe siècle, les documents relatifs à l’enfance deviennent plus abondants : les registres paroissiaux (où sont notés systématiquement baptême et décès des enfants) offrent une source essentielle pour les études démographiques historiques, mais l’historien dispose également des livres de raison, des mémoires, des traités, des sources hospitalières et judiciaires, de l’iconographie, etc.
L’observation de l’enfant se fait plus fine, comme en rend compte le fameux Journal de Jean Héroard, médecin du futur Louis XIII, qui jour après jour — de la naissance du dauphin le 26 septembre 1601 au 30 janvier 1628 — consigne les faits et gestes de l’enfant, puis du jeune homme ; les informations abondent sur le comportement royal, sur son régime alimentaire (les menus de plus de 16 000 repas ont été répertoriés), sur sa croissance physique et motrice et sur son développement psychologique. Cette source inédite justifie l’intérêt porté à l’enfant sous l’Ancien Régime, même si la représentativité de cette étude reste toute relative.

5.2 La mortalité infantile

D’un point de vue démographique, alors que l’art d’accoucher et celui de soigner les nouveau-nés bénéficient de nouvelles avancées, la mortalité infantile demeure très élevée. Dans la France du XVIIIe siècle, sur quatre enfants nés vivants, un meurt avant d’atteindre son premier anniversaire, un autre avant dix ans ; le renouvellement des générations est donc encore difficilement assuré ; puis, parallèlement au léger recul de la fécondité (développement de la contraception dans les familles aisées), une lente et irrégulière baisse de la mortalité infantile s’installe à la fin du XVIIIe siècle.
La très forte mortalité infantile des XVIe-XVIIIe siècles explique l’importance, qui se perpétue depuis l’époque médiévale, d’aller prier un saint ou la Vierge lors du décès d’un enfant mort sans baptême. Par cette pratique, le défunt doit ressusciter un court instant (« un répit » accordé par Dieu), afin de recevoir le sacrement salutaire qui lui permettra d’accéder au paradis. La présence de très nombreux sanctuaires « à répit » (260 sites ont pu être répertoriés en Europe pour l’époque moderne) est un des nombreux signes d’une très grande affection que les parents portent à l’enfant.

5.3 La petite enfance

À l’époque moderne, la pratique de la mise en nourrice semble assez courante ; d’abord développée dans les milieux aristocratiques et urbains, elle se popularise au cours du XVIIIe siècle. Compatible avec le « sentiment de l’enfance », la mise en pension provisoire d’un enfant pour son allaitement ne doit pas être perçue comme un acte de mépris et d’abandon de l’enfant même si, en définitive, le taux de mortalité infantile en est considérablement accru.
De même, l’abandon réel, en relatif essor au cours des XVIIIe et XIXe siècles, est presque toujours motivé par la volonté de parents pauvres qui, ne pouvant nourrir eux-mêmes leur enfant, décident de le confier à des hôpitaux ; d’où le développement de structures hospitalières spécialisées dans l’accueil des enfants abandonnés, comme l'Hôtel-Dieu de la Trinité à Paris (1552) ou l’Œuvre des enfants trouvés de saint Vincent de Paul au XVIIe siècle. Plus encore qu’aux périodes précédentes, l’abandon perd son caractère d’infanticide pour devenir une sorte d’exposition anonyme d’enfants devant une riche demeure ou un établissement d’accueil d’orphelins.

5.4 L’enfance reconnue

Dans l’aristocratie et la bourgeoisie, l’enfant commence à avoir un statut à part entière. Son innocence est alors prise en compte et une nouvelle pudeur familiale cherche à préserver cet état. Signe que l’enfant n’est plus considéré comme un adulte miniature, le garçon se différencie de l’homme par ses tenues, plus féminines : il est vêtu de robes jusqu’à sa maturité.
Jean-Jacques Rousseau traduit cette nouvelle perception et ce souci de l’enfance dans son ouvrage Émile ou De l’éducation (1762). Le philosophe prône une éducation adaptée, qui est confirmée dans l’enseignement : les institutions scolaires se multiplient, en particulier les collèges (de Jésuites), où s’affirment les notions de niveaux d’étude, de programmes, de progression sur plusieurs années sanctionnée par des examens.
De même, le sacrement de la première communion est réservé à l’enfant. En effet, depuis le début de la lutte entre protestants et catholiques (au XVIe siècle), la catéchisation de l’enfant est un enjeu fondamental.

6 L’enfant à l’époque contemporaine

6.1 Acteur économique de la révolution industrielle

Au XIXe siècle comme aux siècles précédents, regard et perception de l’enfant sont doubles. D’une part, avec le développement du capitalisme sauvage, pour lequel les intérêts économiques deviennent prioritaires, on assiste à une exploitation des petits enfants comme jamais sans doute l’histoire (sinon la documentation) ne le laisse voir : enfants travaillant dans les mines ou dans les forges, et surtout dans les manufactures textiles, 15 heures par jour, avec des rémunérations en moyenne quatre fois moins importantes que celles d’un homme. Dans de nombreuses filatures anglaises du début du XIXe siècle, la proportion des enfants représente plus du tiers du total des effectifs.
Il faut attendre les années 1830-1840 pour voir une réelle prise de conscience de ce grave problème et une législation visant à protéger les enfants au travail. En France, la loi de 1841 fixe l’âge minimum d’admission des enfants au travail à huit ans et la durée journalière maximum à 12 heures. Celle de 1874 porte l’âge minimum à douze ans (mais conserve les 12 heures journalières) et interdit aux enfants, comme aux femmes, de travailler sous terre. L’utilisation de la main-d’œuvre enfantine n’est certes plus massive à la fin du XIXe siècle, mais n’en demeure pas moins importante. Ainsi, en 1874, les usines Schneider du Creusot comptabilisent 323 enfants de moins de seize ans pour 4 882 ouvriers adultes.

6.2 Une législation adaptée

L’Église puis, de plus en plus, l’État se préoccupent de l’éducation, même des tout-petits : infants schools anglaises du début du XIXe siècle, salles d’asiles françaises à partir de 1826 puis écoles maternelles créées par la IIIe République après 1882, ou encore jardins d’enfants de Froebel en Allemagne. Partout, des initiatives pédagogiques nouvelles traduisent un intérêt prononcé pour l’enfant, mais également une puissante volonté des pouvoirs publics de prendre en charge les enfants des classes laborieuses car les parents, accaparés par leur travail, n’ont plus le temps nécessaire et l’énergie suffisante pour s’occuper de l’éducation de leurs enfants.
Dans le même temps, la mortalité infantile recule très nettement : de 178 p. 1 000 en 1871-1875, à 95 p. 1 000 en 1921-1925 et 70 p. 1 000 vers 1935. Ce reflux est essentiellement dû aux formidables progrès de l’ère pastorienne (voir Louis Pasteur), à la lutte contre la fièvre puerpérale, à l’utilisation du lait de vache bouilli, à la stérilisation des tétines et des biberons, à l’amélioration de l’hygiène lors de la grossesse, au recul des maladies infectieuses touchant le nourrisson et à la modernisation des hôpitaux et des maternités.
La volonté de sauver la vie de l’enfant à tout prix est également motivée par un souci populationniste. Dans la France de la fin du XIXe siècle — cette France qui, sans l’apport de populations étrangères se serait dramatiquement dépeuplée, face aux voisins et aux ennemis allemands très prolifiques (certaines années, le taux de mortalité dépasse le taux de natalité) —, la défense de la fécondité et la lutte contre la mortalité relèvent d’une politique nataliste : la patrie doit être prête à verser le sang de ses enfants lorsque l’heure de la revanche de la guerre de 1870 aura sonné.

6.3 La littérature : miroir des souffrances enfantines

Au XIXe siècle, avec le succès de sciences comme la médecine, la psychologie ou la psychanalyse, on entre dans une civilisation tournée vers l’enfance. Jamais les sources ne dévoilent une aussi forte attention accordée à l’enfance. Déjà, la littérature abonde en enfants, certes pas toujours heureux : Fantine et Cosette dans les Misérables de Victor Hugo (1862), le Petit Chose d’Alphonse Daudet (1868), Rémi de Sans famille d’Hector Malot (1873), Jacques Vingtras dans l’Enfant de Jules Vallès (1879), le Roman d’un enfant de Pierre Loti (1890), Poil de carotte de Jules Renard (1894), la Mère et l’Enfant de Charles Louis Philippe (1911) ou la Guerre des boutons de Louis Pergaud (1913).
De plus, les sources émanant directement des enfants (récits autobiographiques, journaux intimes) se multiplient et enrichissent la documentation des spécialistes de l’enfance. Ainsi, le superbe journal tenu entre 1914 et 1918 par Yves Congar (1904-1995), théologien français, témoigne à la fois du vécu d’un jeune enfant durant la Grande Guerre et, face à ses souffrances, de l’attention, de l’amour et de la protection des adultes. De fait, les deux conflits mondiaux— en privant de nombreux enfants de leur père (temporairement ou définitivement) et en anéantissant, après des rafles de tristes mémoires, des enfances dans les chambres à gaz —, ont montré qu’à aucune époque, même celles qui passent pour des périodes plus attentives aux premiers âges, l’enfance n’est à l’abri de la barbarie de l’adulte.

7 L’enfant aujourd’hui

Le 20 novembre 1959, l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé la Déclaration des droits de l’enfant, et 1989 a été décrétée « année de l’Enfance ». Certes, dans les sociétés postindustrielles, la vie de l’enfant est aujourd’hui globalement moins précaire ; des institutions et des établissements sont entièrement tournés vers les besoins de l’enfance. Depuis trente ou quarante ans, de nombreux textes législatifs imposent une haute considération de la condition enfantine et cherchent à lui procurer les conditions optimales (physiques, pédagogiques) pour un développement harmonieux. Si, dans la France des années cinquante, 40 p. 100 des enfants âgés de deux à cinq ans sont scolarisés, ils sont plus de 85 p. 100 aujourd’hui.
Mais, malgré ces avancées, les enfants du quart-monde, toujours plus nombreux, restent dans la misère ; d’autres, dans les pays en développement, sont rabaissés au rang d’esclaves ou de marchandises des réseaux de pédophilie. Des millions d’enfants demeurent exploités, forcés, pour des salaires de misère et sous la menace de férules, de confectionner des ballons de football qui feront rêver des millions d’autres enfants. Par exemple, les enfants de moins de quinze ans représentent actuellement un quart de la main-d’œuvre employée dans les tanneries du Caire ; et toute législation reste impuissante lorsque, de ce travail, dépend parfois la survie d’une famille.
À la fin du XXe siècle, il est à nouveau difficile d’élaborer une histoire générale de l’enfance. Le contraste entre des textes normatifs — qui prévoient ce que l’enfant doit être — et une documentation plus proche de la réalité laisse encore à penser qu’il existe des histoires de l’enfance, ou une histoire des enfances.

Sources: Encarta
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