semaine 5 (03/11/2008)

B/ Le conflit de rapport au savoir dans la relation pédagogique
Le rapport au savoir pose problème.

Du point de vue socio : rapport au savoir est le rapport aux processus, aux produits et aux situations d'apprentissage.

Du point de vue psycho : le rapport au savoir est profondément marqué d'ambivalence amour/haine. A la fois plaisir et menace, angoisse. Le désir de savoir, dans la théorie freudienne est le désir d'une quête sur ses origines, d'un savoir sur soi dans lequel on puisse se reconnaitre et s'identifier. Cela suppose d'être autonome.

C'est aussi avoir une relation à l'autre. Le savoir vient toujours de l'autre. Il faut accepter cet autre pour s'autoriser à savoir (conflictuel).

Mais, rencontre avec une limite : on ne peut pas tout savoir. Nous sommes des êtres de manque, il faut l'accepter. La toute puissance rime avec l'impuissance.

Rapport au savoir lié à l'éducation parentale : "les parents sont acteurs invisibles du champs pédagogiques"(Postic)
La relation pédagogique est profondément conflictuelle car elle met en jeu le désir des partenaires (enseignant et eleve). L'enseignant est l'objet de séduction et d'opposition. Un modèle d'identification dans lequel l'éleve est invité à se reconnaitre : dimension affective pas toujours prise en compte mais pourtant évidente.

Identification : processus inconscient par lequel le sujet assimile un aspect, une propriété ou un attribut de l'autre et se transforme sur le modèle de celui ci (conception freudienne). La personnalité se constitue par une série d'identification.
Pour que l'identification soit possible, il faut que l'eleve ne soit pas trop éloignné du modèle scolaire. S'identifier à l'enseignant n'est pas une évidence.
L'enseignant doit se montrer humain et accessible. Si il reste mythique et inaccessible, l'eleve risque de ne pas entrer dans le savoir.

Les dispositions intérieures ont plus d'impact sur l'investissement dans l'apprentissage que les voeux pieux et les bonnes paroles. La communication d'inconscient à inconscient fait que les parents qui rejettent l'école sans le dire renvoient cela à leurs enfants.
J.Moll "Les enfants flairent le noyau sous l'écorce"

Le pédagogue doit etre humain, authentique, doit trouver la bonne distance entre autoritaire et laisser faire, entre trop et trop peu de gratification. La pédagogie est un art. Le pédagogue travaille avec sa personne, travaille sur soi, mise à distance, régulation qui suppose une grande maturité affective.





II. Les principes du fonctionnement psychique dans les groupes

A. Les phéno inconscients dans les groupes (Anzieu, Kaes)
Rencontre des inconscients dans un groupe fait émerger des phénomènes particuliers --> production inconsciente groupale

1. Identification et dépendance (freud)
Question des chefs autoritaires à l'armée. Illusion que le chef aime ses sujets d'un amour égal (époque paternaliste).
Le groupe est alors soudé autour de l'identification au chef. Le sentiment d'appartenance est très fort.
Problème : les dérives de ce type de groupe : autoritarisme, abus de confiance et d'amour, maintien dans un état de dépendance.
A terme, les sujets risquent de nourrir une grande hostilité à l'égard du chef, fondamentalement faible et immature (il controle, impose, a besoin de dominer)un danger du conformisme à tout ce que le chhef dit, une dépendance, de l'inertie voire une révolte.

2. La personne centrale (Redl)
Deux critiques :
- le chef n'est pas toujours le chef officiel. Un groupe ne se forme pas toujours autour d'un leader officiel.
- le chef n'est pas toujours objet d'amour. Il peut être objet de haine.

La personne centrale est celui ou celle qui produit autour de lui un certain nombre de réactions émotionnelles qui révèlent la structure affective du groupe, le climat de groupe.

Redl propose 3 catégories de personne centrale :
* objet d'identification : leader positif auquel on veut ressembler
* objet de pulsion : libidinal (amour) ou agressive (le tyran)
* support du moi : besoin de fonction maternelle permanente, soutien. Relation de dépendance et d'autonomie.

3. Appareil psychique groupal (kaes)
Dans un groupe, on réalise ses desirs, assure ses défenses, met en scène ses fantasmes

La conscience du groupe est ce qui est reellement dit.
Le préconscient est ce qui pourrait être dit.
L'inconscient est le non dit, le refoulement groupal

Il y a une production groupale qui mobilise l'énergie psychique des membres du groupe. Dans un groupe, l'inconscient est présent à tout moment notamment la symbolique sexuelle du langage, inconsciente (idée de la castration). C'est par la parole que le blocage diminue. Le groupe favorise une régression. Pour comprendre la nature des relations dans un groupe, il faut voir dans la psychologie sociale.

B/ La vie fantasmatique des groupes

1. Les angoisses archaiques et leurs modalités défensives (klein)
La situation de groupe ravive ce type d'angoisse.
--> 4 angoisses archaiques :
* morcellement
* angoisse persécutive
* angoisse dépressive
* angoisse d'annihilation, destruction vitale

Ces angoisses se retrouvent en situation de groupe. On appelle régulièrement à l'unité du groupe, à la cohésion. Il y a un risque de morcellement, d'une dissolution du groupe.
Le groupe trouve toujours un bouc émissaire. On lui fait porter tout le malaise du groupe, lui fait endosser toutes les difficultés. Cela rassure d'avoir un ennemi. Un groupe sain n'a pas de bouc émissaire.
Dépression : absence de désir du groupe.
Annihilation : plusieurs réactions possibles, mécanismes de défense se font spontanément : silence obstiné, le couplage ( s'isoler à 2 dans un groupe)

Le travail de l'animateur est de respecter cela si cela ne nuit pas au groupe.

Mode de défense efficace : l'illusion groupale.

2. L'illusion groupale
Processus primaire déterminant. Formation inconsciente spécifique. Sentiment d'euphorie que le groupe ressent et qui s'exprime dans les termes "nous sommes bien ensemble", les projets utopiques, sentiment de sécurité autour d'un idéal du moi commun. Ceci est unn facteur de cohésion du groupe, le plus puissant et le plus efficace --> fonction unificatrice
Dérives : la catégorisation sociale : les meilleurs, compétition, escalade du conflit et dépendance au chef.

3. La fantasmatique orale dans les groupes de formation (anzieu, kaes)
Le groupe est une bouche. Ambivalence du stade oral entre la bouche nourricière et la bouche dévorante. De fait, l'angoisse de castration orale est présente dans les groupes : peur du jugement de l'autre. D'où le silence obstiné de certains. Symptome d'anorexie groupale. Peur d'être dévoré dans le groupe.
En situation scolaire, le groupe est doublement bouche. Il y a la parole mais aussi l'incorporation des savoirs. La transmission c'est donner les savoirs (enseignant) et les recevoir (eleve).
Kaes : le savoir est une substance orale à prendre, à donner ou à refuser. Le refus est une anorexie.

D'où les fantasmes du formateur :
* Fantasme du pélican : tentation de vouloir gaver ses eleves. Se retourne contre le formateur : il en veut à ses eleves de ne pas etre conforme à tout. Il a trop donner. La formation est ici comme une mise en dette. Cela montre les excès de la fantasmatique orale.
* Fantasme de la formation envieuse : climat de laisser faire. Provoque le fantasme de casse liée à la pulsion de mort. Si le formateur ne donne rien, il refuse la naissance avec les savoirs : mal perçu.

Il faut donner ni trop, ni trop peu.

C/ Le conflit en éducation et formation.

1. L'épreuve de l'affrontement-->Pygmalion
Désir d'éduquer et former lié à un fantasme d'immortalité, d'omnipotence, c'est à dire de continuer à exister à travers le formé, le modeler à son image : fantasme car la réalité est tjs en décalage.
Idée de vouloir le dominer, guider son destin. Quand le formé résiste et ne se conforme pas aux attentes : la destruction de l'être qui résiste est une tentation.
Affrontement : idée de vouloir dominer.
Idée pédagogique ambivalente : envie / haine.

C.Yelnik montre comment la crainte est vive chez les enseignants. Envie de dompter les élèves. Le groupe fait peur.
L'affrontement est stimulant ou destructurant. Rapport de force, conflit de pouvoir.

2. La castration symbolique
Mythe de la horde (freud). Meurtre du père par les frère unis.
Suppose d'accepter la castration symbolique. Nous sommes tous soumis à la loi. La loi régule. Renoncement ou désir de toute puissance. L'élève dépasse le maitre.

3. L'épreuve de la séparation
Deuil du groupe. Ravive des fantasmes de casse. Toute séparation pose problème. Le formateur doit accepter la séparation, ses limites, que ses eleves lui échappe, qu'ils deviennent autonomes, peuvent le dépasser un jour.
Pour l'être en formation, difficile d'admettre qu'il a changé, impression d'être le même.


FIN CHAPITRE 2